Vivre ensemble et travailler ensemble

La France du monde du travail vit actuellement un tournant dans son histoire, au moment où plusieurs centaines de milliers de français expriment leur refus d’une réforme du système des retraites par répartition.

Le gouvernement français est confronté à la résistance de près de 60% des français qui se disent opposés au report de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Âge légal qui dans les années 80 était de 65 ans, comme dans la plupart des autres pays européens.

Dans ce débat houleux, où le gouvernement français qui n’a pas voulu augmenter encore des cotisations sociales déjà proches du maximum, abaisser des pensions de retraite déjà proches du minimum (cherchez l’erreur), a opté pour la seule voie qui lui semblait acceptable, l’augmentation du temps de travail.

Cependant, il est intéressant à noter que ce débat sur le travail met aux prises le gouvernement aux syndicats. Mais où sont les entreprises dans ce débat ?

Les entreprises sont en fait les grandes absentes de ce débat et ne cherchent surtout pas à y entrer !

Car finalement qu’est-ce qui est exprimé par les français dans la rue ? Ce n’est pas une franche envie de travailler ! De travailler dans nos entreprises actuelles !

Même si le gouvernement est visé par les manifestations, difficile de ne pas y voir un camouflet, voir un rejet de nos entreprises du privé comme du public !

Parce qu’il s’agit bien de cela, 60% des salariés ne s’imaginent pas travailler deux ans de plus dans leur entreprise.

Ce constat est triste et même dramatique !

Il y a peu d’entrepreneurs ou de profession libérale dans cette manifestation, car eux ne semblent pas exprimer un ras-le-bol par rapport à leurs conditions de travail et leur autonomie dans la vie professionnelle, bien au contraire.

De façon sous-jacente au débat sur les retraites, certains ont tenté de parler de pénibilité au travail. Question intéressante car comment la définir ? Quel travail est plus pénible qu’un autre ?

Un cadre qui a de lourdes responsabilités de management et qui ne dort pas la nuit, a-t-il un travail moins pénible qu’un sapeur pompier ?

Nous ne nous risquerons pas à tenter d’apporter une réponse à ce type de question. Cependant, il s’agit simplement de constater que le travail est globalement devenu plus pénible, pour tout le monde !

Un vieil adage qui pourtant a du sens, affirmait que « le travail c’est la santé ! ». Nous avons tous autour de nous, des exemples de personnes qui ont continué à travailler très tard, et sont ainsi restées incorporées à la vie sociale, comme un remède à la vieillesse.

Mais alors pourquoi une majorité de nos concitoyens ne croient plus dans le travail ?

Parce qu’on les a dégouté ?

Partout, on constate de plus en plus de pratiques qui nuisent à l’image du travail et des entreprises : les salaires sous forme de chèques en bois dans l’artisanat, les harcèlements moraux dans les grandes entreprises de télécom, le désintérêt des financiers pour la réalité "terrain" des entreprises, les délocalisations vers des pays à trop bas coût de main-d’œuvre, les tensions entre tous amenées par la crise économique latente, la dévalorisation de l’humain dans le travail, le mépris des entreprises pour le management et les conditions de travail…

La liste est tellement longue que l’explication du désamour des Français pour le travail est devenue évidente.

Cadres, employés, ouvriers, tous sont logés à la même enseigne, et c’est peut-être le plus flagrant.

Oui, les cadres sont aussi concernés par ce rejet. Subissant la pression de leur hiérarchie, quels sont leurs moyens pour manager leurs équipes dans de telles circonstances ?

Au-delà des solutions que la France doit mettre en place pour solutionner la crise économique et la crise de son modèle de retraite, les entreprises françaises doivent sans doute entendre aussi pour elles la contestation de la rue, et rapidement opérer une révolution culturelle sur la façon de travailler qu’elles proposent.

Parce que pour tous travailler ensemble dans le même sens, il faut pouvoir vivre ensemble et cohabiter ! Or le message de la rue exprime clairement une défiance par rapport à toute forme de solidarité employé-employeur.

Alors c’est aussi l’occasion de se demander si un évènement prochain comme le jour de la fête des entreprises, organisée le 17 novembre, n’a pas dans ce contexte un aspect incongru voir même malvenu !

L’idée de départ est sans aucun doute le fruit d’une bonne intention, voir sur le site www.jaimemaboite.com où l’on vous incite à dépasser les clivages et les rivalités de toutes sortes pour célébrer "l’entreprise", en soulignant les bons côtés de cette vie commune, voire à instaurer des moments de bien-être qui n’existeraient pas !

Plus le fossé se creuse et l’incompréhension grandit, plus le nombre d’individus expriment une forme de désespoir par rapport au fait de travailler plus pour ne pas gagner plus, et plus cela fragilise l’avenir de nos entreprises, et à terme nos emplois. On peut véritablement parler de spirale négative et d’un jeu perdant-perdant !

Mais vivre ensemble et donc travailler ensemble demande aussi et c’est évident une prise de conscience, y compris des salariés.

Car si on cite les exemples de mauvais management, pour être parfaitement impartial, il faut citer aussi les comportements déviants de certains collaborateurs.

Sans avoir besoin d’énumérer une liste, un exemple récent sur le port de Marseille est édifiant à ce titre pour décrire l’autre côté du malaise.

« Congés: 8 semaines/an, horaires : 18 heures/semaine, rémunération : 4000 euros bruts/mois, emploi garanti à vie» : travailler comme grutier sur le port de Marseille, un poste de rêve ! »

Tel est le contenu d'une publicité très ironique publiée dans le journal "Les Echos" par le collectif "Touche pas à mon port".

Pour le collectif "Touche pas à mon port", créé par l’UPE13, les grutiers sont responsables des mouvements de grève contre la réforme des retraites et de la réforme portuaire qui paralysent le port depuis plusieurs jours.

La structure « exige une reprise immédiate et durable des activités pétrole, fret et croisière, et une application urgente de la réforme portuaire ». Le collectif a ainsi mis en avant les "preuves" des conditions de travail des grutiers sur son site Internet www.collectifport.com.

« La grève sur le port de Marseille est le fait de quelques privilégiés qui défendent leurs intérêts propres alors que les 3000 entreprises qui sont liées de près ou de loin à l'activité du port sont pénalisées » selon UPE13.

Comme l’atteste cet exemple, le chemin sera long pour ramener entreprises et salariés vers un monde pacifié et qui vise le même objectif : le développement durable de notre société et de notre mode de vie…

Il ne s’agit plus de parler de fête des entreprises ou même de fête du travail mais de revenir rapidement à la réalité, accepter les constats, proposer des remèdes, avoir un débat moderne sur l’entreprise et l’employé, autour des droits et des devoirs de chacun, et réécrire un mode d’emploi qui prenne le contre-pied de tous les travers décrits ci-dessus.

Inventons ensemble pour demain, l’esprit d’entreprise dont on aurait eu besoin dès aujourd’hui !

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